juil 27 2009
Attraction économique de la France sous la Restauration sarde
On a écrit récemment, dans la presse savoyarde, que la propagande française, en 1860, essayait de convaincre les Savoyards que leurs débouchés économiques étaient insuffisants, au sein du royaume de Sardaigne, et qu’il leur était nécessaire, pour s’enrichir, de s’ouvrir au marché français. De fait, les frontières étaient alors difficiles à passer, en direction de la France, et d’un autre côté, la Savoie n’était pas protégée de la concurrence du Piémont, qui était plus riche. Les Savoyards se sentaient lésés.
Cependant, il n’est pas certain que l’attraction économique de la France ait été une pure fabrication de la propagande française. Car il est assuré, au contraire, que ce thème trouvait au sein de la population savoyarde des échos favorables depuis plusieurs décennies. Et ce qui le montre, ce sont les réflexions de l’écrivain Stendhal (1783-1842), qui, vers 1835, était venu à Chambéry, visite dont il publia un compte-rendu dans les “Mémoires d’un touriste” (1837). Il y fait l’éloge de Chambéry et de son architecture, et même de son administration. Car ce libéral paradoxal n’était pas franchement un démocrate, et il affirme que les prêtres qui dirigent la Savoie choisissent toujours ce qu’il y a de mieux sans être soumis au clientélisme. Cela le rend peu suspect de vouloir répandre la voix d’une France à laquelle il préfère du reste l’Italie – dont il dit justement la Savoie proche, par sa culture.
Or, vingt-cinq ans avant l’Annexion, il dit, également, que Napoléon a laissé en Savoie un souvenir durable, que les Savoyards aimeraient eux aussi participer à des élections, et qu’ils regardent avec envie le marché français qui leur est fermé. Il est douteux qu’en 1860, alors que la France est dirigée par le neveu du grand Napoléon, ce courant qui penche vers Paris se soit éteint. Surtout si la propagande française continue à l’entretenir !
Rémi Mogenet.
Commentaires fermés sur Attraction économique de la France sous la Restauration sarde