août 10 2009
A l’approche de l’Annexion : la conception de Jacques Replat
Peu avant l’Annexion, l’écrivain Jacques Replat (1807-1866) a rédigé une petite brochure sur la situation de la Savoie alors : je l’ai lue il y a quelques années aux Archives départementales de Haute-Savoie. Son contenu est important, parce que Replat a participé directement à l’Annexion et à ses modalités. Membre du Conseil municipal d’Annecy, il a fait partie de la délégation de Savoyards (secrètement suscitée par Napoléon III) qui se rendit à Paris pour demander que le Faucigny et le Chablais ne fussent pas donnés à la Suisse, comme Napoléon III l’avait promis à ses compatriotes helvètes (il était originaire du canton d’Argovie) : on voulait que la Savoie restât telle qu’elle était depuis 1815, que les Savoyards ne fussent pas divisés.
De fait, Replat fut un grand patriote, et chanta dans plusieurs romans et poèmes l’histoire et les légendes propres à la Savoie et à sa dynastie. Il fut en particulier le chantre de l’ancienne province du Genevois, dont Annecy était la capitale ; mais il célébra également les comtes de la Savoie médiévale.
Dans son petit livre, il ne se montre pas spécialement enthousiaste, face à la perspective de devenir français. Il la présente juste comme plus ou moins inéluctable, notamment pour des raisons culturelles : la langue française, qui est celle de Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, est aussi celle de François de Sales et Joseph de Maistre ; elle tire donc la Savoie vers la France.
Cependant, il ajoute que si le Piémont s’était montré moins arrogant et avait mieux traité les Savoyards, ceux-ci auraient certainement eu envie de rester avec Turin et la Maison de Savoie, et de rejoindre l’Italie bientôt unifiée.
Il est donc clair qu’aux yeux de Jacques Replat, ce n’est pas un sentiment ardent d’enthousiasme qui poussait la Savoie vers la France, mais la nécessité et même la fatalité. L’édification des grands ensembles nationaux – propre au XIXe siècle – ne lui laissait guère le choix…
Rémi Mogenet.
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